Lauréat du Prix Pierre Castel 2018 pour le Burkina-Faso, Brice Kaboré est un des hommes qui font vivre le Fonds Pierre Castel.
Comment êtes-vous devenu entrepreneur ?
Mes deux parents travaillaient dans la fonction publique et je n'avais pas autour de moi d'entrepreneurs qui auraient pu me motiver à entreprendre. Cependant, très jeune, j’étais poussé vers l’entreprenariat, le commerce, le secteur privé. Un jour, je suis rentré à la maison très motivé après la classe, et j’ai dit à mon père qu’une fois grand je fonderais une école primaire. il m'a demandé pourquoi, j’ai répondu : "Notre fondateur encaisse beaucoup d’argent, juste à multiplier le nombre d’élèves par les frais de scolarité, il se fait un sacré bénéfice !" Mon père était étonné que ce fut ce côté de l’école qui m’intéressait plus. J’ai suivi un circuit scolaire classique avec pleins de projets en tête. En Terminale, parce que je n’avais pas les 20 ans minimum requis pour créer une entreprise, je me suis associé à ma sœur et nous avons créé ma toute première entreprise, Eden Garden International (EGI).
Comment avez-vous eu l'idée de ce projet ?
Nos amis se plaignaient que leurs parents produisaient beaucoup de produits agricoles au village et n’avaient pas de débouchés. Nous avons commencé à travailler avec les producteurs sur plusieurs produits, dans le but de leur trouver des débouchés dans les villes du Burkina-Faso et à l’exportation. L’objectif était de transformer ces produits pour créer des produits finis plus aisément commercialisables. Avec le temps notre activité s’est accrue dans la vente des produits bruts et 4 ans plus tard, en 2013, nous avons transformé avec l'aide d'amis l’entreprise individuelle de départ en Société à Responsabilité Limité intervenant dans la transformation d’un produit au départ, la noix de cajou. Malheureusement, il nous manquait une certaine expérience encore dans le management et en 2014, cette société a fait faillite. L’agroalimentaire était devenu une passion et après un temps de réflexion, j’ai décidé de rebondir . Nous nous sommes relancés à trois dans l’agroalimentaire en 2015 avec Tropical Food and Beverage Company. Aujourd’hui TFB Company commercialise 14 produits, entre autres: la noix de cajou sous la marque Tropica Nuts, les caramels de sésame au miel et les croustilles de sésame, des chips de pomme de terre locale, ceux-ci sous la marque KreeK.
Quels sont vos projets à venir ? Et en quoi le Prix Pierre Castel peut-il y contribuer ?
Nos projets de développement s’inscrivent dans la valorisation des produits de l’agriculture, surtout pour les produits pas ou insuffisamment valorisés. Le prix Pierre Castel, nous a donné d’abord un encouragement à persévérer, et je dirais que c’est d’abord ce dont un entrepreneur a besoin. En deuxième lieu, le prix a donné de la visibilité à notre action et à nos produits. En troisième lieu et pas le moindre, le prix nous a donné une dotation financière que nous avons investie à stabiliser l’entreprise et à solutionner les problèmes de rupture de stocks que nous subissions, ce qui nous a permis aujourd’hui de viser de nouveaux marchés dans la sous-région et de travailler à occuper plus notre marché domestique. Enfin, le réseautage dont nous bénéficions au travers du Prix Pierre Castel va faciliter le développement de notre entreprise.
Que souhaitez-vous construire et apporter à votre pays ?
Aujourd’hui je constate que mon pays est toujours un réservoir de matières premières qui vont pour beaucoup brutes à l’exportation. Cette exportation prive des burkinabé d’emplois. L’action que je mène aujourd’hui a pour but de créer, au bénéfice des populations locales des zones de production, des emplois à temps plein et stables dans la durée. En développant ma société je réaliserai cet objectif en contribuant à réduire même modestement le nombre de chômeurs.
Quel personnage admirez-vous et pourquoi ?
Ce qui me touche le plus, cce sont les exemples locaux de réussite, qui prouvent que sous nos cieux et sur notre terre il est possible de bâtir quelque chose de grand et durable. J’admire un entrepreneur Burkinabé nommé Idrissa Nassa. C’est un entrepreneur qui a créé sa banque et qui a réussi à la positionner en tête au niveau national devant des filiales de banques occidentales quand bien même la banque est jeune. Aussi il a réussi à être présent dans la sous-région. Là c’est un exemple local de réussite pour moi qui m’inspire.