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Histoires d'hommes en Afrique (3) : Brice Kaboré

Brice KABORE - Lauréat Prix Pierre Castel 2018

Lauréat du Prix Pierre Castel 2018 pour le Burkina-Faso, Brice Kaboré est un des hommes qui font vivre le Fonds Pierre Castel.

Comment êtes-vous devenu entrepreneur ?

Je me nomme Brice Thibaut KABORE, je suis né dans une famille où mes deux parents travaillaient dans la fonction publique et autour de moi je n’avais pas à proximité des entrepreneurs ou hommes d’affaires qui auraient pu me motiver à entreprendre. Cependant très jeune, j’étais vraiment poussé vers l’entrepreneuriat, le commerce, le secteur privé. Une petite histoire avant de continuer, un jour au primaire, je suis rentré à la maison tout motivé après les cours, j’ai dit à mon père qu’une fois grand, je fonderai une école primaire. Il m’a demandé pourquoi et j’ai répondu : vois, notre fondateur encaisse beaucoup d’argent, juste à multiplier le nombre d’élèves par les frais de scolarité (…) il se fait un sacré bénéfice ! Mon père était étonné que ce fut ce côté de l’école qui m’intéressait le plus. J’ai suivi néanmoins un circuit scolaire classique avec régulièrement pleins de projets en tête. En classe de terminale, parce que je n’avais pas les 20 ans minimum requis pour créer une entreprise individuelle, je me suis associé à ma sœur, plus âgée de 5 ans, et nous avons créé ma toute première entreprise dénommée Eden Garden International (EGI).

Qu’est-ce qui vous a donné le déclic et comment tout a commencé ?

Ce qui nous a poussé à créer EGI, c’est que nous avions constaté que nous avions des amis qui se plaignaient que leurs parents produisent beaucoup de produits agricoles au village (région de la boucle du mouhoun, province de la Kossi, Nouna) et n’avaient pas de débouchés. Et que parfois ils manquaient d’intrants pour produire mais ils avaient de l’expérience dans la production, de la volonté et des terres. Sans connaitre la région, juste sur la base de la recommandation de nos amis nous avons effectué un déplacement dans la région et nous avons commencé à travailler avec les producteurs sur plusieurs produits dans le but de leur trouver des débouchés dans les villes du Burkina et à l’exportation. L’objectif était de transformer ces produits pour créer des produits finis plus aisément commercialisables. Avec le temps notre activité s’est accrue dans la vente des produits bruts mais nous ne sommes pas parvenus à lancer la transformation avant 2013 soit 4 ans plus tard.

Pour lancer la transformation je me suis associé à d'autres amis pour que nous transformions l’entreprise individuelle de départ en Société à Responsabilité Limité intervenant dans la transformation de la noix de cajou. La suite des évènements n’a pas été très heureuse parce qu’il nous manquait une certaine expérience encore dans le management, et en 2014 cette société a fait faillite.

L’agroalimentaire est devenu une passion pour moi et il était hors de question d’abandonner le parcours en 2014. J’ai pris un temps de réflexion sur les causes de l’échec de l’aventure précédente et j’ai décidé de rebondir après cet échec. De la précédente aventure, seulement un ami était prêt à rebondir avec moi, et maintenant avec une autre amie, nous nous sommes relancés à trois dans l’agroalimentaire en 2015 avec Tropical Food and Beverage Company.

Aujourd’hui TFB Company commercialise 14 produits, entre autres: la noix de cajou sous la marque ''Tropica Nuts'', les caramels de sésame au miel et les croustilles de sésame, des chips de pomme de terre locale, ceux-ci sous la marque ''KreeK''. Nous faisons de la biscuiterie avec des matières premières locales comme le souchet et le sésame et miel ; commercialisés sous la marque ''Harina''. Nous faisons des infusions de plantes aromatiques locales sans théine, et enfin nous produisons de l’huile de sésame. TFB company fait son bonhomme de chemin dans le secteur industriel au Burkina Faso.

Quels sont vos projets à venir et en quoi le Prix Pierre Castel peut-il y contribuer ?

Nous sommes engagés dans le développement de notre société et son expansion. Nous avons de sérieux projets très ambitieux à réaliser. Ces projets s’inscrivent tous dans la valorisation des produits de l’agriculture, surtout pour les produits pas ou insuffisamment valorisés. Le Prix Pierre Castel, nous a donné d’abord un encouragement à persévérer, et je dirai que c’est d’abord ce dont un entrepreneur a besoin. En deuxième lieu, le prix a donné de la visibilité à notre action et à nos produits. En troisième lieu et pas le moindre, le prix nous a donné une dotation financière que nous avons investi pour stabiliser l’entreprise et pour solutionner les problèmes de rupture de stocks que nous subissions avant, ce qui nous a permis aujourd’hui de viser de nouveaux marchés dans la sous-région et de travailler à gagner plus de parts du marché local. Au-delà de tous ces points, le réseautage dont nous bénéficions au travers du Prix Pierre Castel va faciliter beaucoup le développement de notre entreprise.

Que souhaitez-vous construire et apporter à mon pays ?

Aujourd’hui je constate que mon pays est toujours un réservoir de matières premières qui vont, pour beaucoup, bruts à l’exportation. Cette exportation à l’état brut des produits agricoles prive d’emploi certains burkinabé. L’action que je mène aujourd’hui est dans le but de créer, au bénéfice des populations locales, des zones de production, des emplois à temps plein et stables dans la durée. En développant ma société je réaliserai de plus en plus cet objectif en contribuant à réduire, même si c’est modestement, le nombre de chômeurs. Plusieurs producteurs pourront à long terme compter sur nous pour produire, sans souffrir de mévente.

Quel personnage admirez-vous et pourquoi ?

Il m’est difficile de donner le nom d’une personne parce que j’ai plus d’une dizaine de personnes qui m’inspirent aujourd’hui, chacun dans un domaine spécifique. Ce qui me touche le plus, ce sont les exemples locaux de réussite. Il ya des personnes qui prouvent que sous nos cieux et sur notre terre il est possible de bâtir quelque chose de grand et de durable. Donc je dirai que j’admire un entrepreneur Burkinabé nommé Idrissa NASSA. Je ne le connais pas personnellement, j’ai juste appris son parcours. C’est un entrepreneur qui a créé sa banque et qui a réussi à la positionner en tête au niveau national devant des filiales de banques occidentales quand bien même la banque est jeune. Aussi, il a réussi à être présent dans la sous-région. Là c’est un exemple local de réussite pour moi qui m’inspire.

 

Brice KABORE et son équipe - Prix Pierre Castel 2018

Brice KABORE et son équipe.