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« Incarnez, regroupez-vous, innovez, rayonnez »

Jacques Jonathan NYEMB

Avocat d’affaires, Président de The Okwelians, Membre du Conseil d’administration du GICAM, Maître Jonathan NYEMB est également membre du Jury et parrain du Prix Pierre Castel depuis son initiation en 2018. Retrouvez à travers cette interview, son parcours et son engagement au service du devenir du Cameroun, et de l’Afrique.

Parcours académique et carrière
- Retour au Cameroun
- Engagement à travers O.S.E.R. l'Afrique
- Regard sur la jeunesse africaine
- Rejoindre le Prix Pierre Castel
- Intégrer le Groupement inter-patronnal du Cameroun
- Vision pour l'Afrique

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours et de votre motivation à devenir avocat ?

Dès l’obtention de mon baccalauréat j’ai intégré l’Université Paris 2 Panthéon Assas pour faire des études de droit où j’ai obtenu un Master 2 en droit bancaire et financier. Parallèlement, j’ai effectué une année d’étude en Angleterre dans le cadre d’un LL.M. en régulation financière à la London School of Economics. Et enfin, quelques années après avoir entamé ma carrière professionnelle j’ai décidé de retourner poursuivre mes études afin de me spécialiser et explorer les questions de politique publique en faisant un Master en administration publique à l’université Harvard.

J’ai débuté ma carrière en tant qu’Avocat au barreau de Paris, et j’ai travaillé dans un cabinet d’avocats d’affaires basé dans la même ville,  où j’accompagnais des sociétés internationales privées et publiques dans le cadre de la structuration, du financement et du développement de leurs activités en Afrique Subsaharienne et au Moyen-Orient. Ensuite, j’ai décidé de rentrer au Cameroun où j’ai rejoint depuis 5 ans le cabinet familial, en qualité de Of Counsel. J’accompagne des sociétés locales ou internationales qui souhaitent se développer au Cameroun, et/ou dans la sous-région. Parallèlement, j’enseigne à l’Université Catholique d‘Afrique Centrale sur les questions de négociation d’affaires et de gouvernance d’entreprise.

Très jeune j’ai fait le choix de m’orienter vers la profession d’avocat. Cela part d’une influence paternelle vu que mon père est avocat, mais aussi, j’ai toujours pensé que c’est une profession qui me permettrait d’exprimer mon intérêt mon attachement à la justice. Cela me permet également d’exercer avec indépendance et de contribuer au développement de mon pays en étant aux côtés de décideurs, chefs d’entreprises ou hauts fonctionnaires.

Plus récemment, j’ai décidé approfondir mon engagement personnel pour le Cameroun en contribuant à l’émergence d’une nouvelle génération de leaders engagés pour l’avenir de notre pays, et ce à travers la création d’un Think Do Tank dénommé The Okwelians.

 

Devoir et conviction ont motivés votre retour au Cameroun en 2016. L'appréhendiez-vous ?

J’ai grandi au Cameroun avant de partir en France pour mon lycée, puis pour mes études supérieures et j’ai toujours voulu rentrer au Cameroun même si ce n’était pas un choix si facile. En effet, une carrière à l’international s’ouvrait devant moi. Mais, j’ai toujours eu conscience que mon engagement pour et avec l’Afrique depuis l’Europe ou les États-Unis n’avait pas de sens si je ne pouvais pas le mettre en œuvre sur le Continent, plus précisément chez moi au Cameroun. 
Sur le plan personnel, j’ai aussi des devoirs particuliers envers mes parents et ma famille. C’est aussi cela le respect de la tradition : c’est savoir accueillir ce que nous transmet la génération précédente pour pérenniser et transmettre à notre tour à celles et ceux qui viennent après nous. Mais je tiens à le redire, c’est en tant que fils du pays que j’ai pris la décision de revenir au Cameroun. C’est ni plus ni moins qu’une vocation, un devoir. 
La meilleure manière de gérer cette étape est de se préparer. Se préparer en acquérant une bonne expérience professionnelle et les meilleures bases académiques possibles, mais aussi, en structurant au mieux son projet professionnel. Mon engagement social a également été un facteur impulsant.

Vous êtes investi auprès de la jeunesse africaine. Vous soutenez l'entrepreneuriat notamment par le biais du collectif O.S.E.R l'Afrique dont vous êtes le Co-Fondateur. Quels sont selon vous les besoins et les enjeux auxquels doit faire face cette jeunesse?

OSER l’Afrique est une démarche initiée avec des amis depuis 2010. 10 ans après, c’est donc l’occasion de faire un bilan de cette décennie d’engagement. OSER l’Afrique est parti d’un constat et d’un cri du cœur. Nous arrivions à la célébration du cinquantenaire des indépendances de nos pays africains, et nous nous sommes dit qu’à un moment nous devrons célébrer le centenaire. 50 ans plus tard, nous aurons à faire un bilan et quel sera-t-il ? Il ne fallait donc pas que cette célébration soit uniquement celle des 50 années passées mais en plus, il fallait que ce soit le départ d'actions portées par une nouvelle génération.

OSER l’Afrique c’est le cri de cœur d’une jeunesse qui se prend en main et qui pour elle et d’elle-même, décide de créer la prospérité sur son Continent. A partir de là, nous avons mis en place bon nombre d’actions. Nous avons publié un ouvrage en 2012 intitulé ‘’Le Carnet de la Jeunesse pour l’Afrique ’’ très explicite sur ce cri du cœur. Ouvrage que j’invite la jeunesse africaine à s’approprier.

Nous avons également mis en place un forum, des clusters d’activités à travers un réseau d’ambassadeurs dans plus d’une quinzaine de pays. Toutes ces activités visent à connecter la jeunesse africaine où qu’elle soit partout dans le monde. Il s’agit également de pouvoir outiller les jeunes au montage de projet, à la recherche de financement, en fin de compte à leur apprendre à se construire et s’affirmer par eux-mêmes.

10 ans plus tard, c’est une source de satisfaction de voir le chemin parcouru par les entrepreneurs qui font partie de l’écosystème. Récemment nous avons initié la mise en place de programmes d’incubation au sein d’espaces de coworking dédiés ; le premier  Obotama a ouvert au Cameroun depuis peu. OSER l’Afrique incarne l’ambition d’une génération qui envie de se prendre en charge elle-même et de marquer son passage sur cette terre pour l’Afrique et pour le monde

 

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur la jeunesse africaine?

La jeunesse africaine aujourd’hui s’organise et se mobilise de plus en plus sur les sujets qui la concerne. Et pourtant, il reste encore beaucoup à faire. D’abord, la jeunesse a besoin de sensibilisation. Sensibilisation sur le rôle qu’elle doit jouer face aux enjeux du développement de notre continent et aux enjeux des mutations que traversent le monde.

Ensuite, on voit aujourd’hui qu’elle a le sens de l’initiative, elle entreprend beaucoup mais doit apprendre à se structurer. Elle doit apprendre à passer d’une idée à un projet, d’un projet à une entreprise et d’une entreprise à un champion national et un champion panafricain. Il y a beaucoup d’idées, quelques projets, très peu d’entreprises qui soient profitables et durables et encore moins de champions panafricains.

Enfin, parce qu’ensemble on va plus loin, il faut instaurer une démarche collective, créer un écosystème qui va profiter à tous. Ce travail mérite encore d’être fait pour être à la hauteur des enjeux de notre continent et de ceux du monde.

Toujours dans cette vision de jeunesse motivée et soucieuse du devenir de son continent, vous accompagnez le Fonds Pierre Castel en tant que membre du Jury et  Parrain. Quelle était votre motivation en rejoignant les actions du Fonds ?

Tout part d’abord d’une vision et d’un engagement. Ce qui m’a sensibilisé dès le départ a été la vision de Pierre De Gaétan Njikam, Directeur Général du Fonds Pierre Castel, son engagement à créer de la richesse sur le continent africain en impliquant la diaspora. C’est quelque chose auquel je suis attaché et sensible. C’est donc tout naturellement qu’au lancement du Fonds, j’ai accepté d’apporter ma contribution en tant que membre du jury et parrain.

Cet engagement est d’autant plus pertinent que le choix du secteur. Je pense au Cameroun par exemple qui est un grenier de l’Afrique centrale et qui a les ressources pour créer les champions dans le secteur de l’agrobusiness. Il est donc pertinent aujourd’hui de soutenir cette jeunesse à travers le Prix Pierre Castel qui favorise la création d’un écosystème qui permette à de tels projets d’éclore. Promouvoir la prise d’initiatives, qu’elle soit intra-preneuriale ou entrepreneuriale par la création d’entreprises, est la seule voie pour transformer le Continent.

 

Vous avez  intégré le conseil d'administration du Groupement inter-patronnal du Cameroun (GICAM). Vous en êtes devenu ainsi le plus jeune membre. Quelle empreinte souhaitez-vous y laisser ?

Aujourd’hui, de mon quotidien à Douala et de mes déplacements à l’intérieur du pays, j’observe aussi une nécessité d’apporter des réponses aux défis du Cameroun. Nous faisons face à des défis sur les plan politique, économique et social, pour lesquels les réponses adéquates n’ont pu être apportées à ce jour. Il est important d’avoir un cadre qui permette de pouvoir se rassembler et réfléchir ensemble à quel type de réponse apporter au-delà des clivages politiques et de toute démarche partisane.

Je crois que les entreprises et leur représentation au niveau national constituent des partenaires de premier plan pour le pays. En effet, ce sont les entreprises qui créent la richesse et pourvoient aux emplois. Elles jouent un rôle essentiel pour le bon fonctionnement de la société camerounaise. Il me semblait important de m’engager dans le patronat pour représenter les jeunes entrepreneurs et, logiquement, ceux qui porteront et inventeront l’économie camerounaise de demain. Il est fondamental de s’appuyer sur la créativité des jeunes créateurs car ils ont les solutions aux problèmes constatés sur le terrain. En tant que “partenaire social”, le Gicam joue ce rôle de faire remonter les problématiques de ses adhérents au niveau du gouvernement. 

Mes chevaux de batailles

- Œuvrer à une meilleure gouvernance des entreprises privées pour donner l’exemple ;
- Travailler à faire du GICAM un creuset de développement de PME ;
- Refonder le dialogue Public/Privé au Cameroun

Rejoindre la démarche d’un patronat camerounais qui se veut plus influent, plus au service de ses membres et producteur d’idée dans notre pays, cela constitue une étape de franchie dans un projet collectif, qui est celui de vouloir contribuer à la transformation du Cameroun.  

Votre parcours fait de vous un exemple et une source de motivation pour la jeunesse africaine. Si vous aviez un message pour celle-ci, qui est aujourd'hui pleine d'espoir et désireuse de voir une Afrique érigée au rang des premières puissances mondiales, quel serait-il ?

INCARNEZ (faites preuve de dignité, épousez les valeurs africaines, et montrez l’exemple), 
REGROUPEZ-VOUS (ensemble on va plus loin),  
INNOVEZ (cela signifie aussi continuer à apprendre tout en faisant preuve de courage, d’abnégation et de persévérance) 
RAYONNEZ (toujours en toute humilité).  
Pour moi ce sont ces mots qui symbolisent au mieux ma vision de ce que nous devons faire pour faire de l’Afrique cette référence de la connaissance et de l’innovation.